Bandeau_bleuV_5.png

Programme > Conférences plénières

Jeudi 2 juin à 9h30, salle Caryatides + Kouros Saint Charles 2

"Psychopathologie développementale et troubles du neurodéveloppement"

René Pry

Professeur Emerite de Psychologie, Université Lyon 2

La psychopathologie développementale emprunte à la psychologie du développement sa boîte à outils. « Déterminants », «Processus » et « Mécanismes » seront donc passés au tamis de la psychopathologie. On notera cependant que la question du diagnostic, ou de l’identification des phénomènes, en se situant dans une perspective catégorielle assez rigide, reste au fond peu développementale, même si l’introduction dans le DSM-5 de la notion de Trouble du neurodéveloppement fait un peu bouger les lignes. On notera aussi que, lorsqu’un diagnostic est correctement posé, il l’est généralement pour la vie.

Les données des recherches récentes montrent, de manière générale, que les déterminants (ou facteurs de risque) identifiés à ce jour dans ces troubles sont « petits », multiples et en interaction. Ils invitent à revisiter la position déterministe classique qui oppose environnement à génétique à une position plus complexe, non déterministe, non prédictible dans laquelle génétique/épigénétique, environnement et développement cérébral sont en interaction et que ces dernières varient avec l’âge, les contextes et les événements de vie. 

Les trajectoires développementales, quand elles portent sur un domaine fonctionnel précis, sont souvent très particulières, rarement linéaires et faites d’accélération, de décélération, de régression, de stabilité et peu compatibles avec les positions piagétiennes classiques.

Quant aux mécanismes mobilisés, ils ne sont ni atypiques ni extraordinaires, mais en général, quand ils sont retrouvés dans le développement ordinaire, ils le sont de façon marginale.

Par contre, l’introduction de la notion de trouble du neurodéveloppement dans le cadre d’une position développementale, notion qui sera probablement étendue un jour, à l’ensemble des phénomènes psychopathologiques, nous montre que ces troubles se manifestent précocement, même si leur diagnostic peut être tardif, que leurs apparitions dépendent de l’âge et des contextes, même si le neurodéveloppement neuronal arrive à maturité entre 20 et 25 ans, que chacun de ces troubles est très hétérogène sur le plan du phénotype et qu’une approche dimensionnelle intratrouble s’impose, qu’ils peuvent être associés entre eux (position transsyndromique), que leur formulation clinique au moment du diagnostic est différente de celle des premiers signes, qu’ils ont un retentissement fonctionnel (personnel, social, scolaire ou professionnel : notion de gravité/intensité/handicap) et qu’enfin, ils posent autrement la question des interventions [éducatif versus rééducatif] dans le cadre de ces développements contraints.

Beaucoup des exemples présentés sont issus du Trouble du Spectre de l’Autisme, trouble qui reste un phénomène, certes rare, mais prototypiques sur le plan du développement.

 

****************************************************************************************************************************************

Jeudi 2 juin à 14h30, salle Caryatides + Kouros Saint Charles 2

"L’adolescence est-elle une période d’opportunités ?"

Mathieu Cassotti

Professeur de Psychologie du développement, Université de Paris et IUF

Insolents, irrespectueux, inconscients, irrationnels, ingrats, les adultes ne manquent pas de qualificatifs négatifs pour décrire cette période de développement si particulière entre l’enfance et l’âge adulte qu’est l’adolescence. Les psychologues dressent un portrait à peine plus optimiste et décrivent l’adolescence comme une phase de turbulences où s’entremêlent des crises, une quête identitaire, une remise en cause systématique (ou presque) de l’autorité ou encore un besoin irrépressible de rechercher des sensations fortes. Il suffit de rappeler que l’adolescence est aussi une période sensible pour l’émergence de troubles psychiatriques et l’engagement dans les conduites à risque pour comprendre qu’elle constitue en soi un enjeu sociétal majeur. Dans ce contexte, les travaux en psychologie et en neurosciences du développement ont souligné le rôle des émotions, du contrôle cognitif et du contexte social dans cette spécificité de l’adolescence. Sans remettre en question ces résultats, je chercherai dans cette présentation à démontrer que l’adolescence peut aussi être un âge d’opportunités. En présentant, des études récentes sur le développement de la prise de décision et de la créativité, j’apporterai des arguments soutenant une vision plus positive de cette période et dresserai des pistes de recherche pour changer le regard que nous portons les adolescents.

 

****************************************************************************************************************************************

Vendredi 3 juin à 8h30, salle Caryatides + Kouros Saint Charles 2

"Apport de l’étude de la comorbidité à la compréhension des troubles du neurodéveloppement"

Marianne Jover

Professeure de Psychologie du développement, Aix-Marseille Université

La très grande fréquence de la comorbidité entre les troubles du neurodéveloppement est un fait largement documenté (Kaplan et al., 2001). L’explication et les implications de ce phénomène sont encore l’objet de beaucoup de questions, comme en témoigne le récent thème de recherche déployé dans la revue Frontiers in Neurosciences par Moll, et al. (2021). A l’aide de travaux menés avec différents collaborateurs sur la dyslexie et le trouble développemental de la coordination, j’exposerai l’idée selon laquelle la comorbidité constitue une situation fructueuse pour comprendre les troubles du neurodéveloppement (Cignetti et al., 2018, Maziero et al., 2020, Bellocchi et al., 2021, Huau et Jover, 2021). L’étude de la comorbidité révèle les mécanismes sous-jacents qui unissent les différents troubles, mais également ceux responsables des présentations diverses d’un même trouble. Plusieurs modèles existent ainsi à ce jour qui tiennent compte de ce phénomène et qui repositionnent le développement au centre du processus pathogénique (Dewey, 2018, McGrath et al., 2020). Les répercussions de ces modèles sur les méthodologies de recherche, les classifications nosographiques, et les stratégies de prise en charges seront envisagées dans un dernier temps de la présentation. Elles sont déjà en cours et assez importantes pour mériter d’être taxées de révolution kuhnienne par Sonuga-Barke (2020).

 

****************************************************************************************************************************************

Vendredi 3 juin à 14h00, salle Caryatides + Kouros Saint Charles 2

"De la joie et du stress d’être parent :  Où en est la recherche sur le Burnout Parental ?"

Isabelle Roskam

Professeure de Psychologie du dévéloppement, UCLouvain

La place donnée à l'enfant, les recommandations pour une éducation positive, et la difficile conciliation entre famille, travail et temps pour soi, sont autant de facteurs qui ont profondément changé l'aventure de la parentalité au 21ième siècle. Dans ce contexte, chaque parent est à la recherche d'un équilibre entre ce qui lui coûte et ce qui le ressource, pour éviter de tomber dans le burnout parental. Le burnout parental touche de nombreux parents. Il se manifeste par un épuisement spécifique à la vie familiale, un sentiment de saturation vis-à-vis du rôle parental, une distanciation émotionnelle d'avec les enfants, et l'impression de ne plus se reconnaître en tant que parent. Dans le cadre de cette conférence, nous ferons le point sur les connaissances acquises à propos du burnout parental. Nous commencerons par en définir la nature. Quelle définition donner de ce trouble ? Quel en sont les symptômes ? Comment le diagnostiquer? Quels en sont le décours et la prévalence ? Affecte-t-il les mères et les pères de la même manière ? Dans quelle mesure se distingue-t-il de la dépression ou encore du burnout professionnel ? Nous questionnerons ensuite l’étiologie du burnout parental. Quel sont les facteurs de risques associés au burnout ? Ces facteurs se situent-ils au niveau individuel et/ou au niveau sociétal ? Quel modèle étiologique permet de comprendre comment et pourquoi certains parents tombent en burnout ? Nous verrons également les conséquences que le burnout parental peut avoir sur le parent lui-même, le partenaire et les enfants. Ces conséquences sont-elles graves ? Quand surviennent les conséquences les plus graves dans le décours du burnout parental ? Et comment les prévenir ? Enfin, nous nous intéresserons au traitement du burnout parental. Pour ce faire, nous verrons quels sont les traitements dont l’efficacité a été démontrée, les précautions à prendre dans l’utilisation de certaines méthodes, et les acteurs impliqués dans la prévention et le traitement du burnout parental. Au-delà du traitement centré sur le parent en souffrance, nous questionnerons d’une part la place des autres membres du système familial dans le dispositif de prise en charge, et d’autre part, les défis qui se posent à un niveau sociétal si l’on veut éviter une augmentation de la prévalence du burnout parental dans les prochaines années.

 

 

 

 

Personnes connectées : 3 Vie privée
Chargement...